Fichiers de police de la Sûreté nationale dit "Fond de Moscou"
Disons-le tout net : retrouver son ancêtre dans les fonds de Moscou est susceptible de faire grincer quelques dents, car ce fonds n’est autre que le Fichier central de la Sûreté nationale ! Mais un bon historien (ce qu’est tout généalogiste, nous n’en doutons pas) saura appréhender l’information pour ce qu’elle est, et il ne portera pas de jugement sur les idées de cet aïeul, ni en mal, ni en bien, car nous savons qu’il faut toujours remettre dans leur contexte d’époque, en fonction des mœurs et des idées qui prévalaient alors, les opinions d’un individu.
Les fonds de Moscou consistent en centaines de milliers de fiches et en dizaines de milliers de dossiers individuels rédigés par la police et les agents de la Sûreté nationale. Ces documents, établis du dernier quart du XIXe siècle jusqu’aux années 40, ont été saisis par les Allemands lors de l’Occupation, avant d’être récupérés par les Soviétiques à la fin de la guerre mondiale.
Ce n’est qu’en 1994 qu’ils ont été rendus à la France, un deuxième versement ayant eu lieu en 2003. Ils tiennent leur nom, “fonds de Moscou”, tout naturellement de la capitale de la Russie.
Les Archives nationales ont, depuis, numérisé les tables alphabétiques qui répertorient d’une part les dossiers individuels, soit 650 000 personnes, et d’autre part la liste des noms des personnes possédant une fiche individuelle (celles-ci n’étant pas numérisées, soit 2,5 millions de personnes).
Qui cela concerne-t-il ?
Toutes ces personnes ont été fichées à l’insu de leur plein-gré, comme le dit l’expression populaire. Vous pourrez donc y trouver des communistes, des anarchistes, des antimilitaristes et beaucoup d’étrangers : des interdits de séjour, des expulsés de leurs pays, des demandes de passeports de Français à l’étranger ou d’étrangers en France, des demandes de carte d’identité ou des demandes de naturalisation, etc.
Le projet consiste à relever les noms présents sur ces listes. A partir de ceux-ci, vous saurez si votre ancêtre possède un dossier dans les fonds de Moscou, et vous pourrez alors vous rendre aux archives ou faire appel à un réseau d’entraide pour obtenir une copie dudit dossier ou de la fiche. Les informations seront parfois très lacunaires (les fiches ne contiennent souvent qu’une seule mention), parfois très complètes avec un grand nombre de pages pour les dossiers individuels.